Noyés sous les données, les employés comme les dirigeants peinent à les exploiter pour prendre des décisions efficaces, comme le souligne une étude récemment publiée par Oracle. (photo Pixabay / R.Carreño)
Disposer de données en quantité ne facilite pas forcément la prise de décisions, contrairement à ce qu’une vision superficielle des choses pourrait laisser croire. La réalité s’avère bien plus nuancée, comme en témoigne une étude réalisée en début d’année dans le monde entier pour le compte de l’éditeur Oracle, intitulée « Le dilemme de la prise de décision ». Dans cette enquête, pour laquelle plus de 14 000 professionnels dans 17 pays ont été interrogés, les répondants expriment les difficultés rencontrées face aux volumes croissants de données à leur disposition.
Selon cette étude, plus de sept professionnels sur dix dont deux tiers des répondants français indiquent que le nombre de décisions qu’ils doivent prendre chaque jour a été multiplié par dix au cours des trois dernières années. Par ailleurs, près de huit sondés sur dix estiment ne jamais avoir eu autant de données issues de sources différentes à leur disposition pour y faire face. Pourtant, pour 86% d’entre eux, dans le monde, cette volumétrie rend en réalité la prise de décisions bien plus compliquée. Environ un répondant sur deux en France (48%) se dit ainsi confronté à des dilemmes plus d’une fois par jour. Ils sont 59% dans le monde. Ces difficultés à prendre des décisions entraînent des répercussions négatives pour 79% des Français interrogés et 85% pour la totalité des répondants : pics de stress (38% des Français, 36% des répondants), des opportunités ratées (27% des Français, 33% des répondants), dépenses inutiles (16% des Français, 29% des répondants).
Des outils data pas toujours en phase avec les besoins des décideurs
La volumétrie en elle-même pose problème. Sept répondants sur dix confient en effet avoir renoncé à prendre une décision, car elle nécessitait de traiter trop de données. Avec des quantités massives de data, la collecte et l’interprétation s’apparentent en effet à des tâches insurmontables pour 70% des sondés. Toutefois, d’autres freins entrent également en cause. Ainsi, 39% des répondants français (35% de tous les répondants) peinent à savoir à quelles sources ils peuvent se fier. Les approches en place dans les entreprises sont également pointées du doigt. 77% des dirigeants pensent ainsi que les tableaux et graphiques à leur disposition ne sont pas toujours en lien direct avec les décisions qu’ils doivent prendre, tandis que 70% estiment que la majorité des données ne sont vraiment utiles que pour des professionnels en mesure de les exploiter – data scientists et professionnels IT.
Conséquence, plus de neuf professionnels sur dix (91% en France, 93% dans le monde) ont changé leur manière de prendre des décisions au cours des trois dernières années : certains ne se fient plus qu’à quelques sources qu’ils considèrent 00fiables (35% en France, 39% dans le monde), d’autres privilégient leur intuition (32% en France, 29% dans le monde). Néanmoins, 97% souhaitent continuer de s’appuyer sur des données, convaincus qu’elles peuvent les aider à prendre de meilleures décisions. Sans data, ils admettent des risques d’imprécision (41% en France, 44% dans le monde) ou d’erreurs (35% en France, 39% dans le monde). Ces résultats confirment que les enjeux résident principalement dans le tri et la qualification des données mises à disposition.
La tentation de l’intuition
Pour Seth Stephens-Davidowitz, auteur et contributeur du New York Times, qui a participé à la rédaction de l’étude, celle-ci confirme « que le volume écrasant d’informations ingurgitées par une personne au quotidien via ses recherches sur Internet, les alertes d’actualités, les remarques spontanées d’amis, etc., dépasse souvent la somme d’informations que le cerveau peut traiter. Nous sommes alors tentés de rejeter toutes ces données déroutantes, voire contradictoires, et de faire ce qui nous semble juste ». Mais cela peut être une grossière erreur, poursuit-il. « Il a été prouvé à maintes reprises que nos intuitions peuvent nous égarer et la meilleure prise de décision nécessite une bonne compréhension des données pertinentes. Une première étape cruciale serait de trouver un moyen de maîtriser le flux de données à la disposition des entreprises pour aider les décideurs et employés à distinguer les signaux utiles du reste. »
Aurélie Chandeze
Article original à retrouver sur le site de notre publication sœur CIO