Oracle a mené une étude sur les liens entre prise de décision et croissance auprès d’un millier de managers. La crainte de la donnée et le manque de confiance dans les capacités de la hiérarchie les empêchent de prendre des risques. Une exception dans les entreprises ? Les DAF.
Dans une enquête sur les liens entre prise de décision et croissance menée auprès d’un millier de managers, Oracle constate à la fois l’importance croissante de la data et le grand stress qu’elle provoque auprès de ces populations. 95 % des cadres interrogés se disent au moins occasionnellement débordés par la quantité de données qu’ils ont à leur disposition ! Les Français battent le record de l’étude avec 99 % des 150 répondants qui se disent débordés par les data. Globalement, un répondant sur cinq vit la même chose en permanence. Résultat : les managers ne se sentent pas capables de prendre des décisions efficaces basées sur des informations fiables. Trop de données et une incapacité à les comprendre. Les dirigeants français craignent à 43 % de prendre des décisions qui auront un impact négatif sur le chiffre d’affaires et à 23 % qui nuiraient à leur réputation personnelle. Résultat, la prise de risque est moindre.
Des mesures, des tableaux de bord pour donner confiance dans la data
Pour Nicky Tozer, VP EMEA Oracle Netsuite, « ce résultat n’est pas une grande surprise. Si la donnée n’est pas pertinente pour le sujet traité par le manager. Ou encore s’il est directeur des ventes, mais pas analyste financier, il sait que la donnée est importante, il sait l’utiliser, mais il est beaucoup plus difficile pour lui de l’exploiter pour prendre une bonne décision. » Autrement dit, il est essentiel que tous les managers, et plus largement tous les employés, comprennent les données auxquels ils accèdent et aient confiance en elles. Pour cela, il doit disposer de mesures, de tableaux de bord à la fois pertinents et compréhensibles directement pour eux. En amont, cela traduit par une vraie gouvernance des données. « Une plateforme unique d’accès aux données pour le reporting, l’analyse, la mise à disposition est un bon moyen d’alléger le stress », ajoute Nicky Tozer. Selon la VP EMEA d’Oracle Netsuite, il faut y ajouter l’IA et sa capacité à générer quotidiennement une information personnalisée et l’utilisation des smartphones pour l’accès à ces données.
Étonnamment, un répondant sur trois considère pourtant qu’il travaille dans une entreprise « data driven ». Oracle a choisi de qualifier ainsi les sociétés qui basent leurs décisions quasi exclusivement sur les données business dont elles disposent. Le stress provoqué par ces dernières n’empêche donc pas les managers de penser qu’elles sont utilisées à bon escient. 43 % considèrent que leur entreprise est devenue davantage data-driven dans les 12 à 18 derniers mois, mais 59 % la considèrent plutôt comme « data aware ». Les décisions importantes sont autant basées sur l’information que sur l’intuition de la direction. « Les managers les moins inquiets travaillent dans les entreprises les plus data driven, précise Nicky Tozer. Mais il faudra toujours un mix d’instinct et de données. »
Plus de confiance dans leurs collègues que leur hiérarchie pour les décisions
Enfin, sans doute de quoi inquiéter les équipes dirigeantes, leurs équipes managériales ont davantage confiance dans leurs collègues (39 %) et même leurs pairs dans l’industrie (21 %) qu’en leur hiérarchie (19 %) pour les aider à prendre de bonnes décisions business. Un quart des répondants français, et autant de Britanniques considère d’ailleurs que la faillite des dirigeants à « conduire un plan cohérent vers le succès » est le risque endogène le plus important pour leur entreprise ! C’est la plus forte proportion parmi les risques évoqués. Les directeurs des opérations, les départements juridique, supply chain et finances sont les plus inquiets à ce sujet. Le risque exogène étant pour 25 % des Français, la mise en danger du business model par le changement climatique. Une inquiétude particulièrement ressentie par les équipes de la supply chain. Du côté des secteurs, la high-tech craint sans surprises la pénurie de compétences et une chute de la demande du fait de problèmes économiques.
Autre conclusion de l’étude, les répondants misent à 33 % sur leur clientèle existante pour croître. « Historiquement, les entreprises de taille moyenne en particulier cherchaient plutôt à se développer avec de nouvelles offres ou de nouvelles régions, commente Nicky Tozer. Elles continuent, mais elles cherchent aussi à être plus efficaces pour tirer plus de revenus de leur base de clients, à faire du marketing de rétention avec les bons messages. Elles travaillent davantage sur l’expérience clients pour les fidéliser. »
La DAF, source d’optimisme
Face à toutes ces inquiétudes, la DAF fait figure d’exception dans l’entreprise. Les équipes de la direction financière ont confiance à 53 % dans leur entreprise pour prendre les bonnes décisions, contre 40 % en moyenne. « La finance peut vraiment aider toutes les autres fonctions dans leurs décisions, justifie Nicky Tozer. Elle peut aider les RH, par exemple, à connaître leurs dépenses, mais aussi leur fournir des analyses pour planifier leurs programmes de recrutement, par exemple. » Pour Tony Morreale, CFO du cabinet de recrutement La Fosse Associates cité dans le rapport, c’est la capacité de la fonction à échanger avec l’ensemble de l’entreprise et de ses fonctions afin d’avoir une vision à 360° qui explique cela.
Autre raison de se réjouir peut-être, les managers français sont plutôt parmi les plus optimistes quant à la croissance potentielle de leurs entreprises. 45 % estiment qu’elle se situera entre 1 et 5 %, un tiers entre 5 et 10 % et même 7 % au-delà.
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Méthodologie
L’enquête a été menée auprès de 1000 dirigeants d’entreprises aux CA de 5 à 200 millions de dollars (4,5 à 180 millions d’euros), au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, au Benelux, dans les pays scandinaves et aux Émirats Arabes Unis. 150 Français ont été interrogés.