Avec sa plateforme de mesure des événements, Amberflo entend transformer la tarification des applications et services cloud grâce à une facturation à l’usage. (Photo : SL)
Fondée en 2020 par Puneet Gupta (CEO), rejoint un peu plus tard par Lior Mechlovich (CTO)- deux anciens d’AWS qui n’avaient cependant jamais travaillé ensemble chez le géant du cloud – la start-up Amberflo aide les entreprises à exploiter leurs métriques cloud pour maîtriser leur facturation. Avec l’essor des plates-formes cloud, de plus en plus d’entreprises adoptent le modèle de tarification et de facturation basé sur l’usage. Et pour mieux suivre leurs dépenses, les solutions traditionnelles ne sont plus adaptées. Les entreprises ont besoin d’un nouvel ensemble de technologies pour assurer cette transition avec un comptage, une tarification et une facturation basée sur l’utilisation effective des solutions.
« Nous avons commencé en 2020, et nous avons lancé le produit au printemps de l’année dernière, il y a environ un an. Après environ 18 mois en mode furtif et en développement. Et nous avons eu un assez bon accueil », a expliqué à la rédaction du Monde Informatique, le CEO d’Amberflo lors d’un IT Press Tour à Santa Clara dans la Silicon Valley, en janvier dernier. « Notre mission est d’aider le monde à opérer la transition vers un modèle économique plus transparent sous la forme d’une tarification basée sur l’utilisation.
Des métriques à la demande
Aujourd’hui, le modèle économique le plus populaire est l’abonnement, et je pense que c’est une aberration dans le paysage de l’informatique et des logiciels. Les entreprises ne sont pas passées à une tarification basée sur l’usage à cause d’un manque de prévisibilité. Ce ne sont donc pas des limites du modèle économique, mais simplement des outils et des technologies. Il n’existait pas d’infrastructure pour qu’un fournisseur partage des ressources avec un client. Ils n’avaient même pas les mêmes outils et beaucoup de choses étaient juste un peu floues. Maintenant, cela se démocratise avec des entreprises – comme Amazon – qui proposent une plateforme riche en fonctionnalités ».
Pour répondre à ce besoin, Amberflo a donc développé une pile de type metrics-as-as-Service (métriques à la demande) spécifiquement conçue pour mesurer l’utilisation des ressources dans le cloud. Avec ce type de données, les entreprises suivent les usages à un niveau granulaire, jusqu’à la transaction, l’appel d’API ou la ressource utilisés. La plateforme d’Amberflo dispose de fonctions de mesure et de facturation avec des packages prépayés de 20 000$ HT pour assurer l’ingestion, l’agrégation et la mesure de toutes les données d’utilisation des services cloud. L’idée est d’aider les entreprises à bien comprendre ce qu’elles paient, en traquant notamment les coûts cachés comme les appels d’API, afin de bâtir si besoin une stratégie de dépenses basée sur les prévisions de revenus.
Mesure l’utilisation réelle des apps SaaS
Avec Amberflo, les entreprises suivent leur consommation cloud (stockage, compute, réseau, appels d’API…) en temps réel. « *Si vous dites voulez facturer un appel d’API, alors le nombre d’appels API est une métrique. En revanche, si vous vous posez la question de savoir si vous avez vraiment besoin d’appels d’API ? La mesure sera la quantité nécessaire », a expliqué le CEO. Selon lui, cette approche transforme la façon de concevoir la facturation, avec une tarification très précise, documentation à l’appui. Cela apporte également des informations sur le nombre exact de personnes qui utilisent vraiment un logiciel SaaS. Ce n’est généralement pas le cas dans la tarification par abonnement, car il n’y a guère de motivation à connaître l’usage précis une fois une fois les licences acquises, assure le CEO.
Pour travailler et mesurer avec précision l’utilisation des services cloud, il faut une infrastructure sur l’infrastructure, explique Puneet Gupta. « Il y a un flux de travail et un pipeline à surveiller. Nous avons donc un plug-in de comptage, qui est une plateforme clef-en-main orientée API first pour assurer un pipeline de traitement et d’agrégation, qui garantit de ne pas traiter deux fois le même événement. Les données sont ainsi stockées dans une base de données chronologique ». Le compteur est au nom du client et Amberflo n’accède donc pas aux données.
Pour l’Europe, la start-up doit toutefois mettre la barre plus haut pour respecter le RGPD en assurant un hachage des événements pour obscurcir les données stockées dans son propre datawarehouse. Sa solution est entièrement hébergée dans son cloud ou sur AWS. « Nous sommes basés sur les API, et même si nous sommes sur AWS nous sommes agnostiques en matière de cloud. Tant qu’il y a une API, nous pouvons nous connecter pour remonter des métriques », précise le CEO. Le contrôle plane peut-être assuré à distance, il suffit juste de donner un accès aux événements et de stocker les métriques dans un bucket sécurisé. « Sur n’importe quelle instance SQL, un cluster Kubernetes. Tant qu’il y a une API, nous sommes présents. Vous pouvez saisir l’API ou vous pouvez nous mettre au milieu de cette API. Vous provisionnez deux instances pour lancer un flux de travail, ce qui crée un événement. Quand une instance est en cours d’exécution, elle nous envoie ses battements de cœur pour alimenter notre instrument de mesure ». D’autres solutions comme CloudWatch d’AWS permettent de suivre les logs, au niveau observabilité, mais pas de faire un comptage précis des évènements, explique le CEO.
Vers une tarification revue pour tous les services cloud
Si pour l’instant Amberflo ne propose qu’un seul outil – la tarification et la facturation cloud basées sur l’usage – la start-up estime que les possibilités sont infinies, « car le monde est en train de passer à la tarification et à la facturation basées sur l’utilisation. Pratiquement tous les domaines fonctionnels d’une entreprise sont concernés : ventes, marketing, DevOps, ingénierie de produit, support comptable, finances. Il ne s’agit pas seulement des produits achetés, il s’agit de l’usage qui en sont fait ». Pour vendre sa solution, le CEO d’Amberflo s’adresse à la fois au DSI et au DAF, le premier pour suivre ses dépenses, le second pour assurer la partie contrôle de gestion. La start-up a jusqu’à présent levé un total de 24 millions de dollars en trois tours de table.
Serge Leblal
Article original à retrouver sur le site de notre publication sœur Le Monde Informatique.