Covid-19 oblige, pour les DAF, 2020 s’est traduit par une pression intense, mais aussi une implication plus forte auprès de leurs directions. Avec l’appui de la dématérialisation, des datas, de la RPA et de l’IA. En 2021, il leur faudra ajouter à leur todo list les cyber-risques, mais aussi le développement durable. Retrouvez également les replays de nos deux émissions de 2020 sur les DAF et la data, et sur les DAF et les startups. (Photo Pixabay)
2020 restera l’année du covid-19. Impossible qu’il en soit autrement. Dès le mois de mars, les comités de direction ont sollicité leurs équipes DAF pour les aider à piloter l’entreprise avec des reportings et des analyses beaucoup plus réguliers. Hebdomadaires, voire quotidiens au début de la pandémie, ils restent bien plus fréquents qu’avant. Le DAF a aussi été le garant d’une trésorerie malmenée, et s’est concentré entre autres sur les recouvrements.
Enfin business partner ?
Difficile de savoir dès aujourd’hui si c’est une tendance pérenne, mais dans beaucoup d’entreprises, les DAF ont enfin joué ce rôle tant espéré de « business partner », impliqué dans un pilotage stratégique au millimètre de l’entreprise dans la tempête. Même sans évoquer la pandémie comme explication, certains DAF accompagnent aussi du début à la fin des décisions stratégiques comme les fusions-acquisitions ou les levées de fonds. C’est déjà le cas dans des sociétés jeunes, agiles, en forte croissance comme Mirakl dont la CFO, Marie Best a été récompensée par la DFCG ou Luko par exemple, dont nous avons convié la VP finance, Margaux Gregoir, dans notre émission sur les DAF et startups. Mais cela fonctionne aussi chez les plus grands. Éric Heurtaux, directeur financier du spécialiste des services de paiement et transaction Worldline, également récompensé par la DFCG (Association des directeurs financiers et du contrôle de gestion), pilote les nombreuses opérations de croissance externe, de la due diligence jusqu’à l’intégration au sein du groupe.
Dématérialisation, data, RPA et pourquoi pas IA
Derrière ces tendances, deux mots : transformation numérique. Bien sûr, les équipes DAF propulsées en télétravail ont dû s’emparer des outils de collaboration. Mais les entreprises ont aussi investi dans des outils de reporting, et regardé de beaucoup plus près l’organisation et l’analyse de leurs données. Datalake, BI, RPA et bien sûr IA et machine learning. Nous en avions parlé lors de notre émission Le DAF, acteur du pilotage de l’entreprise avec la data avec Guillaume Siccat de Sanofi, Emmanuel Millard de Coallia, Arnaud Maréchal, d’Orange, Finance & Performance Groupe et Lila Benhamou, de Humans4Help. En amont de ces démarches, la dématérialisation a aussi fait un bond en avant, que l’on parle documents ou de signature électronique, travail à distance oblige. Qu’on ne s’y trompe pas, Excel règne encore en maître au sein des DAF. Mais le covid-19, comme dans d’autres métiers, a déclenché une prise de conscience. Aussi enthousiasmantes soient-elles, les macros de tableur n’ont pas permis aux entreprises de traverser 2020.
Des solutions rapides chez les startups
Par ailleurs, ce n’est qu’un frémissement que nous avons évoqué dans notre émission « DAF, comment innover avec les startups ? » mais pour accélérer, se débarrasser de tâches administratives répétitives, et se concentrer sur le pilotage, les DAF ont aussi commencé à faire appel à ces jeunes pousses. Elles se développent souvent dans des niches où les grands éditeurs ne s’aventurent pas, et elles répondent rapidement et avec agilité aux besoins des entreprises. Pour mieux gérer les notes de frais ou vérifier les factures et les paiements, avec ou sans leur DSI, les DAF se sont tournés vers des comptatech, legaltech, fintech, pour beaucoup françaises qui plus est. Pour preuve, même en 2020, les levées de fonds n’ont pas été rares dans le secteur. Chaintrust a emporté 600 k€ avec son automatisation de l’intégration des factures en comptabilité et Serensia 3 M€ pour la dématérialisation et l’automatisation des flux de documents administratifs et financiers. La plate-forme de pilotage comptable automatisée Pennylane a bouclé un tour de table de 4 M€ et la gestion de notes de frais Spendesk de 15 M€. Côté néoassurances et néobanques, Luko et Qonto ont respectivement levé 50 M€ et 120 M€.
2021 : Des datas, des cyber-risques et du développement durable
Plus de données, plus d’exploitation de données… plus de risques. En 2020, la digitalisation consécutive de la pandémie a fait exploser le nombre de cyberattaques sans épargner aucun type d’organisation. Selon l’étude sur les priorités 2021 des DAF de la DFCG, 84% des DAF ont conscience de la gravité de la situation. Ce qui laisse songeur quant aux 16% restants, comme le regrette néanmoins l’association. En 2021, cette prise de conscience d’un danger croissant se traduira sans nul doute par la formation et l’implication plus grande des équipes DAF sur le sujet.
Enfin des méthodes pour une comptabilité durable ?
Enfin, à l’approche de 2021, il est une tendance qui pointe le bout de son nez dans la comptabilité finance, c’est le développement durable. Pas simple de prendre réellement en compte en comptabilité les impacts, positifs et négatifs, des actions et de la stratégie. Celle-ci n’a pas été faite pour ça. Mais les entreprises sont poussées vers cette démarche par des consommateurs, des partenaires, des clients qui demandent de plus en plus de comptes sur les empreintes environnementale, sociale et économique des entreprises. Et ils ne veulent surtout pas du green washing. Dans une tribune publiée dans le Monde en août 2020, l’économiste François Meunier incitait par exemple les entreprises à publier des comptes financiers intégrant le coût carbone de leur activité. Mais plus globalement, des méthodologies se peaufinent. La comptabilité multicapitaux fait ainsi l’objet d’une chaire depuis mi 2020 à Audencia Business School dirigée par Delphine Gibassier, à la tête de l’executive MBA Chief Value Officer.
Emmanuelle Delsol