Nommée en juin 2021 à la direction de l’AIFE (Agence pour l’Informatique Financière de l’État), Armelle Degenève détaille ici la stratégie de l’opérateur de Chorus et des multiples produits et services connexes. Depuis une quinzaine d’années, le périmètre du service à compétence nationale du Ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance a beaucoup évolué. Et l’arrivée de l’obligation de facturation électronique inter-entreprises va continuer d’accroître le rôle de cette agence au coeur de la transformation de l’État. Chorus étant basé sur SAP ECC 6, l’AIFE est aussi à l’heure des choix, l’éditeur s’apprêtant à cesser la maintenance de cette version. (Photo B.Levy)

CIO : Quel est le rôle actuel de l’AIFE ?

Armelle DegenèveNotre service à compétence nationale (SCN) a une quinzaine d’année d’ancienneté. Son objet initial était de décliner dans un système d’information budgétaire et comptable unique les principes de la LOLF (Loi organique relative aux lois de finances du 1er Août 2001). Depuis 2012, Chorus (Système d’Information Budgétaire et Comptable de l’Etat) gère, suit et contrôle le budget, les dépenses, la comptabilité budgétaire, la comptabilité générale et les recettes non-fiscales pour l’ensemble des ministères. Il y a 23 000 utilisateurs directs de Chorus Cœur (implémentation de SAP) et 40 000 utilisateurs de Chorus Formulaires, un ensemble de développements spécifiques réalisés par l’AIFE en amont de Chorus coeur.

Le système d’information Chorus a clairement structuré la comptabilité de l’État et contribue aux objectifs de la LOLF. La « première vie » de l’AIFE se résume à cela : la conception, la construction et le maintien en conditions opérationnelles de Chorus Coeur. Au-delà de cette première période, l’AIFE a vu ses missions s’étendre et aboutir à la création de produits et services connexes selon trois objectifs : la gestion budgétaire et comptable (décisionnel budgétaire, Chorus Déplacements Temporaires pour gérer les frais de mission…), la dématérialisation de la commande publique et les domaines transverses. Le décisionnel budgétaire, c’est notamment Chorus ODA (Outil Décisionnel Achats) et Chorus CAN (comptabilité analytique). Côté commande publique, il y a bien sûr la facturation électronique (Chorus Pro) mais aussi PLACE (plateforme de dématérialisation des procédures de marchés). Nous menons également avec la Direction des Affaires Juridiques du ministère des Finances un projet de transformation numérique de la commande publique, visant à faciliter l’accès des entreprises à la commande publique via ces outils et les profils acheteurs disponibles sur le marché.
Dans les domaines transverses, il y a d’abord tout ce qui relève de l’information, de la communication et de la formation auprès de nos différents publics, internes et externes aux administrations. Il y a ensuite le système d’échanges, un service d’orchestration des flux de données entre applications tierces, le système d’information Chorus, et l’offre PISTE (Plateforme d’Intermédiation des Services pour la Transformation de l’État) qui structure la mise à disposition d’API. Enfin, il y a toute la partie infrastructures/exploitation/sécurité de tous les systèmes que nous opérons.

CIO : Quelles sont vos relations avec les autres acteurs publics de l’informatique d’État, comme la Dinum (Direction Interministérielle du Numérique) et l’Anssi (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information) par exemple ?

Armelle DegenèveBien entendu, l’AIFE est engagée dans la mise en œuvre d’une offre de produits et services selon les orientations du gouvernement et les demandes métiers (moderniser la fonction financière publique, transformer numériquement la commande publique, etc.). Nous devons respecter les impératifs de sécurité et de souveraineté de l’IT de l’Etat. Nous avons donc à travailler étroitement avec les maîtrises d’ouvrage (Direction Générale des Finances Publiques, Direction du Budget, Direction des Affaires Juridiques, Direction des Achats de l’État…), avec les utilisateurs (ministères, collectivités, entreprises…) mais aussi les « gardiens du temple » que sont la Dinum et l’Anssi. Ces deux services prescrivent des normes et s’assurent ensuite de leur bonne mise en oeuvre. Par exemple, PISTE s’inscrit dans la politique générale de mise à disposition d’API. La centaine d’API référencée permet de recevoir les vingt millions d’appels par jour. On ne nous attendait pas forcément à ce niveau. PISTE est ainsi utilisé aussi par la DILA (Direction de l’Information Légale et Administrative, ex-Journaux Officiels et Documentation Française) et le Ministère de la Transition écologique.
La DINUM nous propose aussi de répondre à des appels à projets numériques pour moderniser l’État.

CIO : Chorus Budgétaire et Comptable, le cœur de tout, est sur une base SAP ECC 6, produit en fin de vie. Qu’avez-vous prévu à ce sujet ?

Armelle DegenèveLa question pourrait être reformulée en « est-ce que nous allons continuer avec SAP ? ». A priori, la réponse est oui. Donc, cela suppose de préparer la migration vers S/4HANA. Cette migration est présentée comme inéluctable par SAP, prévue d’abord en 2025 au plus tard et aujourd’hui repoussée à 2027.
La migration de Chorus de SAP ECC 6 vers SAP S/4HANA est donc hautement probable car nous avons étudié les différentes options sur le marché et c’est ce qui semble le plus pertinent. Nous avons notamment mené une première « migration à blanc » sous forme de bac à sable qui nous a permis d’évaluer le coût et les impacts d’une telle migration.

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Bertrand Lemaire

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