L’enquête de mars 2022 de l’institut Rexecode sur la trésorerie des grandes entreprises et des ETI reflète déjà le lourd impact du conflit russo-ukrainien qui a débuté. L’incertitude et les tensions économiques liées à la guerre ont rapidement dégradé la confiance des professionnels vis-à-vis des trésoreries d’exploitation. (Photo E.Delsol)
Après la crise du covid-19, le conflit russo-ukrainien vient, lui aussi, avec son lot de conséquences économiques : montée des prix du gaz et du pétrole, perte de débouchés à l’export, ou encore aggravation de la pénurie de composants. L’enquête Rexecode de mars 2022 sur la trésorerie des grandes entreprises et des ETI montre ainsi les lourds effets de tous ces éléments sur la confiance des trésoriers.
Pour commencer, la majorité des 126 répondants a exprimé une perte de confiance vis-à-vis de la situation de la trésorerie d’exploitation des grandes entreprises et ETI. À la question « comment jugez-vous la situation de la trésorerie d’exploitation de votre entreprise ? », la majorité des sondés a répondu « difficile ». Ce qui représente une chute de l’opinion générale sur le sujet de 12 points en mars. Le jugement sur l’évolution de la trésorerie globale a de son côté reculé de 9 points. La situation de cette dernière se serait en effet dégradée par rapport au mois dernier pour la majorité des répondants.
Les trésoriers sont préoccupés par le prix des matières premières
La part des trésoriers qui estiment que la trésorerie de leur entreprise est influencée par les prix des matières premières atteint un nouveau record à 46,8 %, soit 20 points de plus qu’à la même période l’année dernière. En effet, les prix du baril de pétrole qui a dépassé les $120, et du gaz qui a atteint 345 € par MWh, ne sont pas passés inaperçu par ces derniers.
Selon Reuters, l’Ukraine fournit aux États-Unis 90% du gaz néon utilisé dans la fabrication de semi-conducteurs. La Russie fournit, selon le cabinet d’études Techcet, 35% du palladium américain servant à fabriquer des capteurs et des puces mémoire. Des matériaux normalement disponibles en quantité limitée et encore plus difficile d’accès lors d’un conflit armé.
Les recherches de financement ont elles aussi chuté de 15 points dans un contexte d’incertitude sur les répercussions des sanctions économiques prononcées envers la Russie. Les opinions sur les marges de crédit et les délais de paiement restent de leur côté assez stables dans l’ensemble, tout comme celles sur le solde commercial.
Clémence Tingry