Dans une tribune publiée dans le Monde, l’économiste François Meunier incite les entreprises à anticiper sur la taxe carbone et à publier des comptes financiers qui intègrent le coût carbone de leur activité. Un moyen de maîtriser leur politique développement durable et de prouver leur bonne foi en la matière. (Photo P.Linforth / OVenita / Pixabay)
Dans une tribune publiée dans le Monde le 19 août, François Meunier, professeur d’économie à l’Ensae, Institut polytechnique de Paris, estime que les entreprises devraient intégrer dès que possible le coût carbone de leur activité dans leurs comptes. Il leur propose ainsi de produire les données comptables et financières associées à cette démarche plutôt que de se contenter d’afficher des objectifs sans fournir les preuves des actions menées pour les atteindre, et de risquer ainsi le procès – justifié ou non- en écoblanchiment (greenwashing).
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- Il est possible de « faire rentrer le coût carbone dans les comptes financiers publiés par les entreprises »
Simuler en annexe la prise en compte de la taxe carbone
François Meunier prend l’exemple du Groupe Danone qui « calcule déjà un résultat consolidé net du coût carbone ». L’économiste suggère aux entreprises de s’inspirer de l’industriel et de publier, en annexe de leurs comptes, un rapport déduisant le prix estimé du carbone consommé tout au long de leur supplychain. Autrement dit, de produire une simulation de comptes intégrant une hypothétique taxe carbone pour chacun de ses intrants (Danone simule à un prix de 35 euros tandis que le gouvernement suédois a retenu un montant de 120 euros).
Sans réellement payer, l’entreprise montrera néanmoins à ses parties prenantes qu’elle mesure et chiffre son empreinte carbone, et son éventuelle réduction. Une publication régulière serait ainsi plus efficace, comme l’explique François Meunier. Ces arguments concrets accompagneront judicieusement les annonces de grands objectifs à horizons plus ou moins lointains.
Emmanuelle Delsol